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La nouvelle Stratégie nationale biodiversité et la Région encouragent les haies et «petites continuités» écologiques : nous proposons d’intégrer Semobord dans les dispositifs aidés par la Région.

Après le pilote de 2023, nous ferons connaître cette méthode innovante en Bourgogne-Franche-Comté par une nouvelle réalisation dans les Chemins d’artistes 2024 ; l’objectif est aussi d’en réaliser dans plusieurs des 26 villages du Gâtinais-en-Bourgogne.

 L’intérêt ? Embellir nos lieux de promenades, améliorer les habitats et la qualité des ressources pour la biodiversité, booster les auxiliaires de cultures pour les cultivateurs de nombreuses communes de la Communauté de Communes du Gâtinais en Bourgogne (CCGB). 

« Avec le projet Semobord, nous voulons créer des aménagements écologiques qui bénéficient à la nature mais aussi aux habitants et promeneurs ainsi qu’aux agriculteurs riverains, et  créer un projet fédérateur intercommunal d’envergure, relativement simple et peu onéneux à mettre en oeuvre pour des bénéfices multiples comme favoriser la biodiversité et la coopération nature-agriculture (pollinisateurs et auxiliaires de cultures …), améliorer la qualité physique et biologique des sols sur le territoire (lutte contre l’assèchement, le tassement, …) et bien sûr embellir le paysage et la cadre de vie. »

Interview de Guy Michel, agriculteur et Anne Sophie, écologue, tous deux membres du Ruban Vert et à l’initiative de ce projet :

Guy Michel, comment vous est venue cette idée ?

Je l’ai piquée à la Fédération des Chasseurs de Seine-et-Marne qui le développent en accompagnement de l’implantation de haies.

Anne Sophie, quels sont les bénéfices écologiques de Semobord ?

Les bénéfices écologiques sont très nombreux. Le sol décompacté et couvert de végétation redevient vivant (carabes, vers de terre et autres… vont recoloniser les lieux ), les espèces végétales semées vont devenir des habitats pour les insectes , des lieux de passage pour les micromammifères et les oiseaux et une source de nourriture pour tous, surtout en été quand la nourriture vient à manquer à nos abeilles par exemple, bref nous construisons des oasis dans un paysage de grandes cultures  appauvri en diversité de milieux. On crée avec Semobord des ‘infrastructures écologiques’ essentielles à la vie sauvage. Mais ce n’est pas tout : ces refuges sont également le domicile d’auxiliaires de cultures, des animaux qui aident les agriculteurs à lutter contre les ravageurs présents dans les champs, c’est un processus naturel de régulation. Pour finir, c’est  aussi un plaisir pour les yeux des marcheurs, en rompant la monotonie des paysages surtout l’été après les moissons quand la campagne est très rase en attendant la pousse des cultures intermédiaires.

Guy Michel, quelle est la suite du projet ?

Continuer à essayer pour parfaire la technique et les espèces choisies, et affiner le lien entre les mélanges de graines et la diversité des plantes et insectes relevés. Et en parler avec les cultivateurs, pour qu’ils s’y intéressent et le demandent à leurs communes ! 

Anne Sophie, ce projet pourrait il être déployé dans d’autres régions en France ?

Certains départements voisins ont déjà déployé cet outil localement, avec l’accord des agriculteurs.  Plus on développera Semobord localement, plus Semobord est efficace !

Présentation de la phase test réalisée en 2022-2023

•Le projet a démarré avec une phase de test sur 4 communes ( La Belliole–Saint Valérien–Villeneuve la Dondagre –Egrisellesle Bocage ) avec un partenariat Le Ruban Vert / collectivités / agriculteurs-pris en charge intégralement par DMA-pro (GM Desmartins)

•Le tracé s’est étoffé entre le prévisionnel (2 km) et le réalisé( 5 km) . 11 différents types de plantations ont été testés en bordure de chemins, de route et de champs.

Suivi du pilote

• mars 2023 : visite des représentants des communes et reportage par la télé de l’Yonne lors de la préparation superficielle du sol en vue de la plantation 

• mai 2023 : démarrage des semis

• Eté 2023 : passage de l’équipe du Ruban Vert pour inventorier les insectes et l’état des végétaux présents dans les bandes 

• Fin septembre 2023 : Second passage de l’équipe du Ruban Vert et visite avec les élus puis avec les chasseurs et agriculteurs 

Bilan technique : le travail du sol est une opération délicate (plusieurs passages nécessaires la première année car les sols sont souvent très tassés, avec présence de nombreux silex) ; la météo capricieuse du printemps a tout de même permis un très bon développement des bandes, réussi à 80%, malgré une fin de printemps et un début d’été sec. Les plantations annuelles et bisannuelles ont fleuri tout le long de l’été grâce à la diversité des essences. Les bandes de pérennes se sont moins bien développées, leur développement sera surveillé durant la seconde année.

Bilan écologique et retour des riverains : 

6 espèces d’hyménoptères (abeilles mellifères, abeilles et guêpes solitaires, bourdons…) ont été recensés ainsi que 5 espèces de papillons (piérides, flambés, tircis, cuivrés…). L’abondance des espèces est notable surtout en comparaison des autres bords de chemins, et montre l’intérêt des bandes comme refuges fournissant habitats et ressources alimentaires, surtout en fin d’été quand certains champs sont nus. On note la présence d’odonates (libellules) en chasse.

Les promeneurs et les riverains interrogés apprécient la beauté des fleurs et la présence des abeilles et des papillons, signe de vie! Les agriculteurs n’ont pas été gênés par les plantations. La présence de chardons est limitée sauf sur 2 portions, qui devront faire l’objet d’une fauche, voire d’un nouveau travail du sol.

A grande échelle, 5 à 10 km de chemin par commune pour les communes volontaires de la Communauté de Communes du Gatinais en Bourgogne auraient un effet significatif sur les paysages et la biodiversité.

Actions envisagées : 

– Sur les chemins ruraux de 6 m des communes volontaires, création de bandes de 1m de large sur des longueurs variant de 1km à 3 km avec des plantations annuelles, bisannuelles ou pérennes selon les endroits ( technique du Semobord) 

– Les aménagements nécessitent un travail du sol la première année, un entretien limité à un fauchage en cas d’apparition d’espèces invasives (pas d’usage d’herbicide) à la charge de l’agriculteur riverain puis une intervention de plantation sur un linéaire plus restreint les années suivantes puisque les bisannuelles et pérennes n’ont pas à être resemées – le tout accompagné d’un suivi naturaliste ;

– Création d’un chemin de randonnée spécifique au projet ;

– Développement d’animations grand public, randonnées, sorties scolaires sur la biodiversité – pour les élus, pour les agriculteurs, pour les autres partenaires 

– Implantation d’un linéaire Semobord le long de certains chemins ruraux des Chemins d’artistes 2024 à Egriselles le Bocage.