
Des milliers de crapauds sauvés, des arbres remarquables inventoriés, des mares restaurées, des haies créées, une ancienne décharge transformée en théâtre de verdure, des dizaines de sorties « nature » et d’évènements organisés pour sensibiliser le public à la nécessité de sauvegarder la biodiversité à l’échelle locale et les continuités écologiques dans les campagnes… autant d’actions concrètes menées à bien par l’Association Le Ruban Vert depuis 10 ans dans le nord de l’Yonne.
Tous les deux ans depuis 2022, le Ruban Vert organise Les Chemins d’artistes, véritable musée en plein air mettant en scène des oeuvres créées par plus d’une vingtaine d’artistes, le long d’une randonnée de 8 kilomètres. Au programme cet été, le vendredi 25 juillet à 18h un spectacle musical de la Compagnie L’aime en terre, aux Arènes du Bocage à Egriselles le Bocage, une ancienne décharge sauvage acquise par la mairie et transformée en théâtre de verdure avec l’aide du Ruban Vert. Le 22 août, la nuit de la Chauve-Souris destinée à comprendre pourquoi il est important de protéger ces dévoreuses de moustiques. Une conférence-exposition photo sur les papillons au Barouf à Collemiers est également au programme le 23 août.
Fondée par Claire Tutenuit, qui connaît la région depuis son plus jeune âge, l’association Le Ruban Vert vise à protéger la biodiversité, fragilisée par des pollutions diverses, l’urbanisation et le changement climatique, le long d’un corridor joignant la Forêt d’Othe et les bois et étangs du Gâtinais : une vingtaine de kilomètres de long et une dizaine de large, ce corridor touche une quinzaine de communes. Il fait partie de la trame verte des milieux boisés définie par le Grenelle de l’environnement, qui connecte les forêts du Jura, le Parc National Forêts au Nord de la Côte d’Or, la forêt d’Othe, la forêt de Fontainebleau, et jusqu’à la Normandie… Ces connexions ont un objectif : faciliter l’adaptation de ces écosystèmes au changement climatique, la migration des espèces animales et, plus lentement, végétales, aujourd’hui rendue difficile par les obstacles que crée l’activité humaine : villes et villages, routes ou voies ferrées, grandes cultures céréalières…
« C’est de nous tous que dépendent la qualité des fruits, des légumes, des céréales, du miel, de l’eau de notre table mais aussi de nos paysages, nos oiseaux, nos animaux des bois, des champs, des lacs et des rivières. Notre action, totalement indépendante de tout mouvement politique s’inscrit dans le programme national des trames vertes et bleues déterminées par la Loi du Grenelle de l’environnement. Sur le terrain, il est difficile de protéger ou restaurer les trames vertes en-dehors des grands espaces naturels protégés : les bosquets isolés, personne ne s’en occupe – et pourtant ce sont en les joignant les uns aux autres par des haies ou d’autres formes d’occupation du sol qu’on peut construire la trame verte avec le minimum de changements » – Claire Tutenuit
Quand on la voit dans l’équipe de bénévoles qui fait traverser les crapauds au petit matin en plein hiver pour leur éviter de se faire écraser en rejoignant leur lieu de reproduction, on a du mal à imaginer sa brillante carrière scientifique. Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure d’Ulm, agrégée de mathématiques, et ingénieur au corps des Mines, Claire Tutenuit a travaillé au Ministère de l’Industrie avant d’intégrer de grandes entreprises dans les secteurs de l’environnement et de l’énergie (Veolia) et des hautes technologies (Matra-Defense-Espace, aujourd’hui Airbus).
Depuis 20 ans, elle dirige Entreprises pour l’Environnement, une association qui aide les grandes entreprises à mieux intégrer l’environnement dans leurs stratégies et leur gestion courante.
Elle est membre du Conseil Economique, Social et Environnemental depuis 2021, et également, depuis sa création récente membre du Conseil de Développement Durable de la Communauté d’agglomération du Grand Sénonais.
50 scientifiques du Museum national d’Histoire Naturelle inventorient la biodiversité du Legs Thénard
Tout a commencé en 2013, lorsqu’elle a l’idée de proposer au Service du patrimoine naturel (SPN) du Museum national d’Histoire naturelle de faire un inventaire de la biodiversité dans le Legs Thénard, un ensemble de propriétés et forêts, légué en 1916 par Louise-Marguerite Thénard, descendante du chimiste Louis-Marie Thénard pour venir en aide aux enfants orphelins des communes locales. 50 scientifiques de toutes disciplines viennent alors inventorier la biodiversité du domaine du Syndicat du Legs Thénard, plus de 700 hectares de bois, ferme et terres sur les communes de Chaumot, Villeneuve-sur-Yonne, Bussy-le-Repos, Rousson et Marsangy, exploité en « bon père de famille » ; l’ONF y gère l’activité forestière.
Les préconisations du Museum sont assez énergiques, d’autant que cette forêt est la « colonne vertébrale » de la trame verte qui pourrait joindre la forêt d’Othe et les bois et étangs du Gâtinais en Bourgogne, selon la carte de la « trame verte » nationale partiellement reprise dans le SCOT. Les préconisations concernent autant la forêt que l’agriculture : peut-on exploiter de manière moins intensive, laisser de la place à la nature, conserver et restaurer ? A l’issue de la réunion de conclusion qui interpelle les nombreux participants, les responsables de l’association Chaumot-Environnement contactent Claire Tutenuit pour lui proposer de reprendre l’association, devenue moins active après des années de dialogue avec l’ONF sur l’exploitation forestière. C’est le début du Ruban Vert : Claire Tutenuit et une première équipe de bénévoles refont les statuts pour y inscrire la mission de restauration et protection de la trame verte, étendre le territoire d’action aux dix communes concernées par le corridor qui passe par le Legs Thénard, dessiner un logo – le chevreuil vert créé par Antoine Monneret et désormais bien connu. L’association existe dans sa nouvelle identité en 2015. Dix ans déjà !
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